Un premier trimestre 2022 exceptionnel !

Le 4 mai 2022, la direction d’Airbus a annoncé des résultats exceptionnels pour le premier trimestre 2022 par rapport au premier trimestre 2021 :

  • Un bénéfice net après impôt de 1,2 Md€ soit +237% !!!
  • 142 avions livrés (+20%)
  • 83 commandes nettes (-61 en 2021)
  • ROS* de 12,5% (7,3% en 2021)

Au vu de ces résultats impressionnants, l’accord de négociation salariale 2022/2023 récemment signé pour 2 ans par FO, CFE-CGC et CFTC apparaît bien maigre. D’autant que ces augmentations ne permettent ni de rattraper la baisse de pouvoir d’achat perdue en 2020 et 2021, ni de compenser l’inflation à venir sur 2022 et 2023.

Des perspectives tout aussi exceptionnelles

Le carnet de commande actuel de 7023 avions assure toujours une perspective très confortable de 10 ans de charge ! La demande des compagnies reste très élevée malgré le contexte international. Airbus répond et anticipe même cette demande en augmentant les cadences A320 jusqu’à 75 avions en 2025. Soit une augmentation de 50% par rapport à aujourd’hui. Pour réaliser cette augmentation de cadence, Airbus choisit de créer une nouvelle ligne d’assemblage aux USA.

Cependant des questions majeures demeurent 

En 2012, Airbus a fait le choix d’installer un nouveau site d’assemblage dans l’État de l’Alabama, État ouvertement anti-syndical comme l’actualité récente l’a démontré avec la lutte des travailleurs du géant Amazon. Qu’en est il aujourd’hui sur le site d’Airbus à Mobile ? Quelles sont les conditions de travail, de salaire et de sécurité de l’emploi pour nos collègues aux USA ?

Nous défendons le progrès des droits et des conditions de travail pour tous les travailleurs à Airbus et ailleurs. Ils ne doivent pas faire l’objet d’une compétition mondialisée. Cela passe par la possibilité pour les travailleurs de créer un syndicat sur leur lieu de travail. En tant qu’actionnaire de référence, les Etats européens, si prompts à vanter le dialogue social, doivent exiger l’existence d’un tel syndicat qui doit pouvoir agir librement et en toute indépendance pour défendre les intérêts des salariés, comme s’attache à le faire la CGT à Airbus en France.

Il y a un an et demi, Airbus a supprimé des milliers d’emplois malgré les aides publiques massives. Airbus est maintenant en difficulté pour embaucher afin d’absorber cette augmentation de charge qui pèse sur les salariés restés dans l’entreprise. 

Guillaume Faury dit que l’augmentation de cadence “profitera à l’ensemble de la chaîne de valeur d’Airbus dans le monde”. Mais à qui profite cette valeur ? Aux salariés ? Ce n’est visiblement pas le cas au vu de la politique salariale de l’entreprise. Aux actionnaires ? C’est visiblement la priorité au regard des dividendes annoncés pour le résultat 2021 (équivalent à 9138 € par salarié !).

En économie, la valeur est produite par le travail et rien d’autre. Cette valeur doit permettre de payer nos salaires, cotisations incluses, pour vivre dignement et pour financer la sécurité sociale (retraite, maladie, accident du travail, chômage, famille). Cette valeur doit aussi permettre de réaliser les investissements industriels, en particulier ceux nécessaires à l’urgence de la transition écologique de l’aviation (à laquelle les scientifiques attribuent 5 à 6% du réchauffement climatique). 

Cette répartition entre salaire et investissement est un enjeu social qui doit être délibéré collectivement et qui ne peut être laissé aux mains du conseil d’administration dont le seul objectif est la rentabilité pour les actionnaires. Changer la règle du jeu ne pourra se faire qu’au travers de la lutte des travailleurs par la grève et la construction d’un rapport de force avec leurs syndicats, comme cela se fait avec succès depuis quelques mois dans plusieurs entreprises comme Dassault Aviation, Mecachrome, Capgemini. 

Rappelons qu’Airbus reste une entreprise de la sphère publique dans laquelle les États européens sont les actionnaires de référence (26% au total pour Airbus). Ces états ont donc les moyens d’imposer une stratégie sociale et environnementale ambitieuse.

Prenons notre destin en main

Ces résultats très positifs financièrement et industriellement sur le premier trimestre 2022, comme sur l’année 2021, ainsi que les perspectives d’augmentation de cadences ne doivent pas masquer le fait qu’il s’agit d’une fuite en avant de notre filière vers une rentabilité toujours plus grande, au détriment des salariés et de l’environnement. Notre responsabilité de salarié et de citoyen est de pousser notre entreprise et l’État à sortir de cette logique exclusivement financière. Il est urgent de mettre en place une stratégie sociale et écologique pour un juste partage de la valeur vers les salaires et l’investissement, et pour de meilleures conditions de vie au travail pour les salariés sur nos sites en France, comme à l’étranger.

La CGT porte sans relâche ces valeurs de progrès et de justice. Ensemble, nous sommes plus forts. Rejoignez-nous !

 

*ROS : Return On Sales = EBIT ajusté / Chiffre d’affaire

Photo : usine d’Airbus à Mobile, Alabama (DR)

 

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